Roybon
Roybon se mérite ! Que l’on vienne de la plaine de Bièvre, de la vallée de l’Isère ou de la vallée du Rhône, Il faut monter pour gagner le village et franchir des remparts forestiers. Mais la vallée de la Galaure, qui coupe les Chambarans, est une voie d’accès naturelle et riante.
L’occupation humaine est ancienne dans le pays. Les vestiges d’une ferme gallo-romaine ont été exhumés lors de récents travaux routiers. Cependant c’est au moyen-âge qu’un bourg s’est formé en occupant un balcon entre deux rivières la Galaure et l’Aigue noire. Une légende charmante expliquerait l’étymologie du nom. Le dauphin Louis, futur Louis XI, serait venu chasser le cerf dans les grandes forêts qui enveloppaient les coteaux. Assoiffé il aurait bu l’eau d’une source, l’aurait trouvé excellente et se serait écrié « Ce ru est bon »… Or la fondation de Rubon est antérieure au XV° siècle. La charte octroyée à l'extrême fin du XIII ° siècle par Humbert 1er, dauphin du Viennois, avait déjà permis l’installation de tous les courageux, volontaires pour créer des essarts...
Toutefois la légende éclaire deux caractères du pays : l’abondance des eaux de qualité et l’importance du couvert forestier.
Aujourd’hui les pécheurs, les chasseurs, les cueilleurs de champignons, les randonneurs, les amoureux des sous-bois, des eaux vives et des étangs, ont sur la commune, une des plus vastes du département de l’Isère, un bel éventail de possibles.
Le village a conservé des venelles dont les habitants eux même ne connaissent pas les détours. De nombreuses maisons sont bâties avec les matériaux traditionnels : pisé, renforts de bois et surtout galets disposés en épis ou noyés dans l’argile. L’ancien temple, le « café des tramways », l’immeuble Perraud en sont les meilleurs exemples. Une maison, rue des petits Cultis, rassemble toutes les techniques de construction avec son colombage.
Un crépi cache la structure du pavillon Louis XI, qui marque l’entrée est du village, avec son toit en poivrière.
Mais l’édifice le plus remarquable est l’église Saint Jean Baptiste, chef-d’œuvre de Berruyer, enfant du pays, à qui dans le nord Isère on doit de nombreux sanctuaires. En puisant à des traditions variées, romane, cordouane, l’architecte a réussi un monument unique, d’une harmonieuse fierté. L’’alliance des briques, des tuiles, des ardoises et des galets lui donne son relief et ses couleurs.
L’ancien Château Saint Romme au sommet du village est plus discret. Sa grosse tour ronde est caractéristique des maisons fortes du Dauphiné. C’est à cette famille que Roybon doit sa célèbre statue de la liberté. Henri Saint Romme fut un député républicain de 1848 à 1851. Pour honorer sa mémoire les Roybonnais lui érigèrent un monument en 1904. Son fils Mathias céda alors une version miniature de la statue de la liberté, que son ami le sculpteur Bartholdi lui avait offerte.
Depuis, sur la place centrale, regardant la mairie, Miss Liberty dresse son flambeau, à la plus grande surprise des gens de passage.
Ainsi Roybon est un espace de liberté. Des animations attractives lui donnent vie. A quelques kilomètres du Bourg le domaine de Château Rocher organise sa contrée des marmots. Une thématique singulière chaque année (en 2019 la conquête de la Lune) attire des milliers de personnes, dont une majorité d’enfants, séduits par les jeux, les rêves, les numéros de saltimbanques.
Dans le village un « parcours des talents » réunit des artisans et des artistes locaux, de place en place, de ruelle en ruelle. C’est l’occasion d’exposer des créations les plus variées (vanniers, potiers, sculpteurs, peintres, créateurs de bijoux) et de faire découvrir Roybon dans son intimité.
Le lac de Roybon a quelquefois plus de notoriété que le bourg. Cette retenue artificielle se love entre les collines. Un camping avec des bungalows est recommandé pour son calme. Le lac est propice à la natation. Il est fréquenté par de nombreux pêcheurs. Et tous les mois d’août, il accueille un spectacle musical qui étonne encore. Sur un radeau un piano part à la dérive. Le pianiste est rejoint par d’autres instrumentistes et la musique semble amplifiée et adoucie par les flots.
En décembre un marché de Noël permet aux producteurs locaux de faire connaître leurs spécialités : miel et pain d’épices d’un apiculteur, pognes, pâtes et farines réalisées à partir de blés non traités à la ferme des Loives.
La ferme, située dans la vallée de la Galaure, ne manque pas d’ailleurs d’intérêt. Elle remonte au XIV° siècle, quand elle était une dépendance de l’Abbaye de Saint Antoine. Dans une immense pièce, une aula, les seigneurs de la région se réunissaient. Et il reste sur les murs quelques-uns des écussons de ces puissantes familles.
En quittant Roybon (pour y revenir infailliblement) on découvre sur les plateaux qui l’enserrent, d’immenses paysages. Au nord la plaine de Bièvre Valloire étale ses longues parcelles de culture. A l’ouest les monts de l’Ardèche bleuissent sous le couchant. Et le panorama le plus remarquable déploie au sud, tout le Vercors, des Trois Sœurs à la dent de Moirans, la Chartreuse avec la Chamechaude, et entre ces deux massifs la Belledonne (belle dame) dont les neiges longtemps persistantes éclatent de blancheur.